Afro Nation

En 2019, deux entrepreneurs britanniques d’origine nigériane, Adesegun Adeosun Jr. (alias Smade) et Obi Asika, lancent un pari audacieux : créer un festival international entièrement dédié aux musiques africaines et afro-diasporiques. Le concept, simple et révolutionnaire, repose sur une idée forte, celle de rassembler la diaspora autour des sonorités issues du continent africain. C’est ainsi qu’est né Afro Nation, sur les plages dorées portugaises de Portimão.

La première édition, en août 2019, attire plus de 20 000 festivaliers par jour venus de tous horizons. Sur scène, les plus grandes stars africaines partagent l’affiche avec des artistes caribéens et américains. L’événement marque un tournant. Pour la première fois, les musiques africaines disposent d’un festival de portée mondiale, pensé pour célébrer leur puissance culturelle.

Fort de ce succès inaugural, Afro Nation ambitionnait dès 2020 d’étendre son modèle au Ghana, aux Caraïbes et aux États-Unis. En 2022, Afro Nation fait son grand retour sur la scène internationale. Le festival réinvestit Praia de Rocha et multiplie les éditions. Ce déploiement confirme sa stature mondiale.

L’édition 2023 au Portugal marque un record historique, avec plus de 40 000 personnes par jour venues de plus de 140 pays. Afro Nation devient alors l’un des plus grands festivals de musique d’Europe. L’événement s’élargit à de nouveaux styles : l’Amapiano d’Afrique du Sud ou encore les sons shatta portés par une génération d’artistes hybrides.

Au-delà de la musique, le festival met à l’honneur le lifesty le afro-urbain, offrant une expérience immersive où la culture africaine s’affirme comme influente.

Malgré son succès, Afro Nation n’a pas échappé aux critiques. Certaines éditions, notamment celle prévue au Nigeria en 2023, ont été annulées pour des raisons de sécurité. L’équipe a préféré reporter plutôt que de proposer une expérience jugée en deçà des attentes du public. Les défis logistiques sont à la hauteur de l’ambition du projet : accueillir des dizaines de milliers de personnes venues du monde entier tout en garantissant sécurité et qualité sonore. Des difficultés similaires ont été observées lors de certaines éditions africaines, révélant les tensions entre volonté de rayonnement et réalités locales.

Pourtant, ces obstacles n’ont fait que renforcer la détermination des organisateurs à bâtir un événement mieux ancré dans les territoires où il s’implante.

Aujourd’hui, Afro Nation n’est plus seulement un festival. C’est un mouvement global. Il incarne la montée en puissance des musiques africaines sur la scène internationale et leur reconnaissance par l’industrie musicale mondiale. Grâce à Afro Nation, les artistes africains et afro-descendants bénéficient d’une visibilité inédite, propulsant l’afrobeats, l’amapiano et leurs dérivés dans les charts mondiaux.

Le festival agit également comme un pont culturel entre l’Afrique et sa diaspora. Il offre un espace où les jeunes générations peuvent célébrer leurs racines. Dans ce sens, Afro Nation participe activement à la revalorisation des identités afro-diasporiques tout en promouvant des échanges économiques et artistiques entre continents.

En 2024, Afro Nation a fait l’objet d’un documentaire intitulé Afro Nation: A Movement, retraçant son évolution et mettant en lumière son rôle dans la diffusion des musiques afro-urbaines. Le film révèle l’envers du décor : la vision des fondateurs, les défis logistiques, et la manière dont le festival a transformé la perception de la culture africaine dans le monde.

À l’avenir, Afro Nation ambitionne d’étendre son modèle sur de nouveaux continents tout en renforçant sa dimension communautaire et durable. De nouvelles dates ont été programmés notamment une à Londres le 21 novembre 2025 au Drumsheds.

Mon expérience à l’Afronation

Complètement dingue ! Je suis partie en pensant que c’était un festival qui rassemblait non seulement les fans d’afrobeats, mais aussi tous les charos de la planète. Contre toute attente, le festival s’est révélé être un vrai moment de partage et d’échanges. Les rencontres sont faciles, mais toujours respectueuses. J’ai vraiment passé un excellent festival, dans la joie et la bonne humeur. J’avoue que danser dans le sable demande un effort physique supplémentaire, mais au final, le cadre, la plage et l’ambiance font vite oublier la fatigue. Tous les bars diffusent de l’afro, et pour une amoureuse d’afrobeats et d’amapiano, c’est un rêve éveillé.

Les deux seules critiques que je pourrais formuler concernent d’abord les prix pratiqués pour manger et boire. Si vous souhaitez y aller, préparez votre budget ! J’ai dépensé près de 2000 euros en une semaine, et pour une étudiante, c’est un sacré budget. Mais les prix élevés ne concernent pas que le festival : les courses, les restaurants et les vêtements sont également chers. Après tout, on participe à l’économie locale, donc…

Deuxième point, étant petite de taille, mon expérience à Afro Nation a été plus auditive que visuelle. En admission générale, on n’a pas accès au “pied de scène”, on reste plus éloignés, ce qui peut être frustrant, très frustrant. Surtout quand Rema est sur scène et qu’on ne voit que ses cheveux !

Malgré tout, j’ai rencontré des personnes formidables avec qui je garde encore le contact. Finalement, cette expérience au Portugal restera gravée dans ma mémoire.

Précédent
Précédent

Yardland