Yardland

Lorsqu’en juillet 2023, le média Yard annonçait la première édition de son propre festival, l’ambition était claire. Ils veulent créer un espace inédit où la musique et les arts populaires se rencontrent. En collaboration avec les équipes aguerries de We Love Green, Yardland devait voir le jour au Parc de Choisy, dans le Val-de-Marne et rassembler près de 30 000 festivaliers.

L’événement porté par une programmation mêlant artistes français, afro-caribéens et européens, s’annonçait déjà comme un tournant majeur dans le paysage musical hexagonal. Yard 2023 promet un week-end vibrant de sonorités afrobeat, rap et trap. Mais la tragédie de la mort de Nahel Merzouk, survenue quelques jours avant l’ouverture du festival, en a décidé autrement. Dans un climat national tendu, les organisateurs ont préféré annuler l’événement, privilégiant la sécurité de leur public.

Ce coup d’arrêt brutal n’a pourtant pas entamé l’élan de Yardland. Un an plus tard, en juillet 2024, le festival fait un retour triomphal à l’Hippodrome de Paris-Vincennes. Et cette fois, la promesse est tenue. Yardland propose une programmation ambitieuse. Fidèle à l’ADN de Yard, le festival met en tête d’affiche Gunna, Rema, Maureen, ainsi que de nombreux autres artistes de renom. Sur scène, des figures internationales côtoient des artistes issus des nouvelles scènes. Un line-up audacieux qui reflète leur volonté de créer un monde où les identités multiples ne s’excluent pas, mais s’enrichissent.

La présence de <3 Rema <3, superstar nigériane de la nouvelle génération afrobeat, symbolise parfaitement cet esprit. L’artiste révélé en 2019 sur SoundCloud, s’est imposé en quelques années comme un phénomène mondial, grâce à son univers entre trap et rythmes afro. Son album Rave & Roses (2022) l’a propulsé au rang d’icône planétaire. Son nom à l’affiche de Yardland souligne le positionnement du festival d’être entre fer de lance artistique et manifeste culturel.

Yardland se veut bien plus qu’un simple festival de musique. C’est un espace de représentation, un lieu où les talents issus de la diversité peuvent s’exprimer librement. “Yardland incarne un nouveau modèle d’expérience culturelle intégralement dédié aux passions de notre communauté” expliquent les organisateurs.

Au-delà des concerts, l’événement déploie tout un écosystème : stands de mode, espaces culinaires, showcases de créateurs, débats, performances visuelles, stands d’associations… Yardland devient un prototype culturel, une “nouvelle terre de célébration” où musique, art et engagement dialoguent. Là où d’autres festivals perpétuent une vision segmentée de la culture, Yardland choisit la transversalité.

Le festival réussit à rendre visible ce qui nourrit la jeunesse contemporaine, cette dernière  partagée entre héritage diasporique et réinvention. Yardland n’est pas seulement une scène, c’est un miroir d’une génération qui transforme la culture populaire en puissance créative et politique.

Et si son histoire a commencé par une annulation, son retour triomphal prouve une chose que Yardland est un mouvement destiné à s’inscrire durablement dans le paysage culturel français et international.

Mon expérience Yardland (2023 et 2024)

Je m’étais rendu à la première édition accompagnée d’une amie mais celle-ci n’écoutait pas les mêmes musiques que moi. Afin que chacune profite à fond, nous avons fait le choix de kiffer chacune de notre côté et de se retrouver quand on voulait manger. De mon côté ma priorité était de danser. J’ai enchainé les concerts, effectuant des kilomètres en traversant l’hippodrome de long en large.

Ce qui m’a frappé dans ce festival est le niveau de bienveillance qui est accordé au public : des stands sur la santé mentale, des bénévoles mobilisés en cas de détresse, une application mise en place afin de signaler tous les comportements suspects…

De nombreuses associations étaient présentes pour vendre du mersh. Le festival accueille différentes jeunes marques de vêtements pour promouvoir leur travail et de nombreuses associations.

Que ce soit sur 2024 ou 2025, j’ai pu voir des artistes que j’écoute tous les jours. Sur 2025 j’ai particulièrement été émue de voir Uncle Waffles d’aussi près (voir plus bas). J’étais aussi très contente de croisé des amis DJ qui venaient mixé sur le stand Gshock.

Fun fact : lors de l’édition 2024, je repère la présence du média Choukrane. Entre deux concerts, j’aperçois au loin un stand de henné. Je fonce et m’installe, décidée à repartir avec les deux mains tatouées. Au moment de payer la prestation, la jeune femme qui m’encaisse prétend me connaître. Impossible, me dis-je. Je suis originaire de Chamonix, je vis à Lyon et je viens rarement à Paris.

Après quelques échanges, on finit par comprendre. On s’était effectivement déjà rencontrées et cette rencontre remontait à plus de 10 ans en arrière. J’avais alors 11 ou 12 ans et je me rendais au Maroc en bus depuis Lyon, un trajet long et éprouvant, surtout avec 4 grands frères. Le bus s’arrêtait dans différentes villes pour récupérer des passagers, et c’est à Valence que trois sœurs sont montées. Elles allaient devenir mes camarades de route jusqu’à Oujda.

Ce voyage reste gravé dans ma mémoire, notamment grâce à la connexion Facebook que nous avions gardée. À l’époque, le réseau venait tout juste d’apparaître et ma photo de profil — fidèle à mon âge — représentait mon pyjama brodé de petits cœurs roses. En grandissant, j’ai changé, mon profil aussi, mais aucune de nous n’a supprimé cette amitié virtuelle née d’un long trajet.

Et plus de dix ans plus tard, le hasard nous a réunies à nouveau, cette fois au cœur de Yardland.

Images de Yardland 2025 : folieeeeeeeeeee ! c’était dingue (excusez ma folle joie)

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