La cause palestinienne dans la culture urbaine
Par la musique
La cause palestinienne trouve un écho particulier dans la culture urbaine à travers le monde. De la musique à la mode, en passant par les réseaux sociaux, la culture urbaine s’impose aujourd’hui comme un espace de solidarité et de protestation. Depuis les années 90, le rappeurs font mention de la cause palestinienne afin de dénoncer l’injustice et la violence que subissent les palestiniens : de la résistance à l’occupation. Les punchlines et les clips deviennent des formes d’engagement politique, accessibles à un large public.
1993 :
IAM - J’aurais pu croire : “ J'aurais pu croire en Israël mais les différentes religions n'y vivent pas en paix. Les deux tiers du territoire que les sionistes ont occupés par l'ONU en 48 n'ont jamais été attribués. Pense à tous ces Russes et ces Polonais fraîchement arrivés et qui ont chassé les Palestiniens qui habitaient sur cette terre et qui l'ont travaillée et chérie pendant des millénaires”
IAM est un groupe emblématique de hip-hop français, formé en 1988 et composé d’Akhenaton, Shurik’n, Kheops, Imhotep et Kephren (avec Freeman comme ancien membre). Resté actif sans interruption depuis ses débuts, il est aujourd’hui reconnu comme l’un des pionniers et fondateurs majeurs du rap français.
En 2015 IAM sortira “la fin de leur monde” chanté par Akhenaton. Des images d’un père palestinien tué avec son fils, alors qu’il tentait de le protéger, seront utilisées pour illustrer le texte dans une vidéo à 3min47.
1997 :
IAM - Nés sous la même étoile :”Certains naissent dans des palais, d’autres dans des bidonvilles / D’autres entre deux pays, comme les enfants de Palestine”
2009:
Lowkey - Long Live Palestine : “This is for Palestine, Al-Quds, The capital Jerusalem, Unarmed people marching to the wall, And they're shooting 'em”
Kareem Dennis, plus connu sous son nom de scène Lowkey, est un rappeur et activiste politique britannique.
Kery James – Le retour du rap français : “Yeah, je suis un résistant J’ai de l’amour pour la Palestine, je suis un militant”
Kery James, de son vrai nom Alix Mathurin est un artiste franco-haïtien aux multiples talents (rappeur, chanteur, acteur, réalisateur et scénariste). C’est une figure du rap politique.
Youssoupha – A force de le dire : “A force de subir l'occupation de ses territoires la Palestine est meurtrie et j'nique tous les colons de l'histoire. Militer pour que le message s'exporte, un peuple humilié au milieu des murs et des checkpoints”
Né le 29 août 1979 à Kinshasa, Youssoupha s’est imposé au fil des années comme une figure incontournable du rap francophone. Reconnu pour la richesse de sa plume et la force de ses messages, il mêle habilement introspection, engagement et virtuosité lyricale. Sa musique, profondément humaine et porteuse de sens, lui a valu une reconnaissance bien au-delà des frontières françaises.
2015:
Médine – Gaza Soccer Beach : ce son fait le récit de 4 jeunes palestiniens tués par l’armée israélienne alors qu’ils jouaient au foot sur la plage.
Depuis plus de deux décennies, Médine s’impose comme une voix singulière du rap français, mêlant réflexion sociale et verbe affûté. Son écriture, à la fois poétique et percutante, explore sans relâche les failles du monde contemporain. Artiste engagé, en constante évolution, il parvient à conjuguer sincérité et audace, tout en renouvelant sans cesse son style.
2024:Medical Air for Palestinians
Macklemore – Hind’s Hall : c’est est un morceau de protestation du rappeur américain de Seattle, sorti en single le 6 mai 2024 suite aux massacres du 7 octobre 2023 organisés par le Hamas sur des israéliens. Le titre soutient les manifestations propalestiniennes sur les campus universitaires, qui réclament un désinvestissement d’Israël et un cessez-le-feu dans la guerre à Gaza.
Le 18 avril, pendant le festival californien Coachella, le groupe irlandais Kneecap a utilisé un écran géant pour afficher un message dénonçant la situation en Palestine : « Le peuple palestinien subit un génocide, soutenu par le gouvernement américain qui continue d’armer et de financer Israël malgré ses violations des droits humains. Libérez la Palestine. »
Le 22 mai 2024, à l’initiative du chanteur français TIP - par le biais de son label Houma Sweet Houma -, s’est produit au Zénith de Paris le concert “Solidarité Palestine”. De nombreux artistes français ont répondu présent : Tif,Zamdane, PLK, Flenn, El Grande Toto, Alpha Wann, Soulking, Nemir… L’intégralité des bénéfices ont été renversés à Medical Aid for Palestinians pour un total de 181 390, 35 euros. De nombreuses associations et se sont également mobilisées : France Palestine Solidarité, Youth for climate, Urgence Palestine et Union juive pour la paix.
De l’autre côté de la Manche, le mercredi 17 septembre 2025, l’OVO Arena de Londres affichait complet pour le concert caritatif « Together for Palestine ». Près de 12 000 spectateurs ont répondu présents à cet événement organisé par le musicien britannique Brian Eno, dont l’intégralité des recettes sera reversée à des ONG œuvrant à Gaza. À ce jour, près de 1,8 million d’euros ont été récoltés grâce à la contribution d’une multitude d’artistes, comédiens et personnalités diverses.
Mais la culture urbaine ne s’arrête pas à la Palestine. Elle se fait aussi plateforme de solidarité mondiale, reliant différentes causes. Les jeunes artistes et activistes urbains dénoncent des injustices similaires au Yémen, où la guerre provoque famine et effondrement sanitaire, ou en République démocratique du Congo, où les violences armées continuent de faire des milliers de victimes. Dans chaque expression artistique – musique, street art ou mode – se dessine un réseau global de conscience sociale, où les luttes locales deviennent des symboles universels de résistance et de droits humains.
Par la mode
Enfan de Palestine est un très bon exemple d’engagement par la mode. Leur projet permet de financer des ONG humanitaires agissant dans la bande de Gaz en versant l’intégralité de leur profit. Cette marque de prêt à porter se fait de plus en plus remarquer sur les réseaux sociaux mais plus encore. Vous retrouverez leurs articles sur leur site internet ou lors des différents Pop Up organisés (Paris et Marseille).
Pour plus d’informations voici leur Instagram : @enfandepalestine.
Le designer néerlandais Aziz Bekkaoui, d’origine marocaine a créé sa marque de vêtements centrée sur le Keffieh. Le créateur exprime aussi son inquiétude face à l’appropriation du keffieh par certaines grandes maisons de mode, qui détournent ce motif de son contexte palestinien tout en ignorant ses origines et sa signification symbolique. Des marques comme Balenciaga, souvent au cœur de polémiques, ont intégré des variations du keffieh dans leurs collections sans en reconnaître le lien avec la lutte palestinienne. Selon lui, cette tendance est dénuée de sens, dénuée d’âme et vide de toute valeur.
De nombreuses marques émergent avec l’ambition de concilier mode et engagements, j’ai ici fait mention des deux exemples qui m’ont personnellement le plus marqué.
PAR L’art plastique
Banksy est un créateur d’art de rue dont l’identité réelle reste un mystère, alimentant de nombreuses suppositions. Probablement originaire du Royaume-Uni et actif depuis les années 1990, il se sert principalement de pochoirs pour réaliser ses œuvres. Les thématiques abordées incluent généralement l’anarchisme, l’anticapitalisme, l’antimilitarisme et la contestation de l’ordre établi. Entre 2025 et 2027, il se rend en Cisjordanie au pied du mur (séparant la Cisjordanie et Israël), où il y installera plusieurs de ses œuvres. Accompagné par plusieurs artistes il réalise 13 œuvres : Wet Dog, Soldat israélien face à un âne, Stop + Search, Dove in the gun-sights, Rat and Wall, Manifestant aux fleurs, Escapism, Windows on West Bank, Stable Conditions, Cut it out, Balloon debate, Window on the West Bank et Unwelcome Intervention. L’artiste a décrit cette barrière comme une sorte de « prison à ciel ouvert » pour la population palestinienne. Pendant leur séjour à Ramallah et dans les environs, l’équipe a traversé des situations tendues. Selon Jo Brooks, sa porte-parole, les forces israéliennes ont tiré en l’air pour intimider, et plusieurs armes étaient braquées sur Banksy.
Bien sûr de nombreux artistes, disciplines et œuvres n’ont pas été mentionnés mais j’ai fait le choix de parler des principales œuvres qui m’ont marquées.
La culture urbaine agit comme un outil de mémoire et de mobilisation globale. Elle donne à la cause palestinienne une visibilité contemporaine, tout en rappelant que toutes les crises humanitaires méritent d’être entendues et soutenues. Les injustices, qu’elles touchent Gaza, Sana’a ou Kinshasa, sont liées par une nécessité commune : la reconnaissance des droits humains et la solidarité internationale.